LGV Paca: le projet gelé jusqu’à l’été

Var-matin 23/12/2011

La priorité est désormais donnée aux besoins en transport de proximité des habitants. La ligne à grande vitesse reléguée au second plan. 2023 reste date de mise en service officielle

Tenture bleue, plafond blanc et nappe rouge le décor dressé hier, à Marseille, pour la conférence de presse donnée en ses murs par le préfet de région se prêtait à un enterrement de première classe : celui de la ligne à grande vitesse-Paca, tant décrié par une partie des habitants et des élus de la région. Mais Hugues Parant ne s’est pas senti l’âme d’un ordonnateur des pompes funèbres. Seul face à des journalistes venus en masse, il a assuré qu’au terme d’une concertation longue de soixante-douze réunions, le projet n’était pas mort, qu’il bougeait encore mais qu’il devait changer de philosophie.

La concertation a-t-elle fonctionné ?

Malgré plusieurs réunions dans le Var qui parfois ont « pris un tour violent », désapprouve Hugues Parant, Réseau ferré de France (RFF), « a récolté énormément de matériau » lors de cette « première phase de concertation ». La seconde phase a été engagée hier. Elle ne passera pas forcément par de nouvelles réunions publiques. « Le temps de la concertation doit être dépassé au profit d’une analyse réaliste ».

La nouvelle logique

« Partir des préoccupations de nos concitoyens » pour « arriver à la grande vitesse » dans un second temps. Le calcul politique est le suivant : des dizaines de milliers d’habitants souffrent chaque jour de « thrombose » : l’engorgement du trafic automobile et la saturation du réseau ferré. Les pouvoirs publics veulent les mettre de leur côté, face aux anti-LGV « qui ont leur légitimité mais ils ne sont pas la seule voix ».

Les fuseaux pincés

« Il n’est pas dit que la ligne sera à grande vitesse partout ». Les quatre scénarios qui ont servi de base de travail ne sont pas reniés. Seules « les solutions qui à l’évidence n’ont pas de sens sont abandonnées ». Les techniciens vont « pincer les fuseaux ». Autrement dit, ils vont réduire au maximum les bandes passantes possibles pour ne pas effrayer les populations à quatre kilomètres à la ronde, le long des tracés étudiés. À l’inverse, ceux qui se retrouveront l’an prochain au cœur de ces fuseaux pincés devront s’en inquiéter. D’ici le mois de juillet, le projet doit être retravaillé en vue « d’un choix plus présentable », d’abord aux comités territoriaux présidés par les préfets dans le Var, les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône, puis par le comité de pilotage. Conclusion : « Il reste beaucoup à travailler, notamment pour RFF ». Un nouveau nom sera donné à ce projet de LGV-Paca.

Ce qui ne change pas

Il y aura forcément de la grande vitesse sur ce réseau de l’avenir. Pour des raisons financières (lire par ailleurs) mais aussi parce que l’objectif reste de rapprocher dans le temps Nice et Marseille, quitte à rouler à 200 kilomètres/heure et pas davantage.

Le tracé des Métropoles n’est pas remis en cause : seul le gouvernement pourrait annuler cette décision.

Sur quoi ils sont d’accord

Tous les membres du comité de pilotage sont d’accord… pour dire « que la présentation » de ce dossier « n’a pas été la bonne dès le départ », ce qui nécessite de « remettre les choses en ordre ». Consensus encore pour que le tronçon Nice-Vintimille soit « partie intégrante du projet global ».

Avec quoi ils ne sont pas d’accord

Pas de passage au milieu du vignoble de Bandol ni de nouvelles voies en centre-Var, dans le sillon permien. Il n’y aura pas non plus de gare à l’Est de Toulon.

Les autres pistes de travail

Choisir d’implanter la future gare LGV au centre ou à l’ouest de Toulon. Autre inconnue : où faire passer le futur train plus ou moins rapide dans le sillon permien sans causer de nuisances ?

Le financement

La mission de financement a fait chou blanc. Le rapport de Yves Cousquer qui devait être présenté hier est resté dans les cartons. Il sera désormais plus facile « d’expliquer à un élu qu’il faut financer l’ensemble du projet » et pas seulement une ligne à grande vitesse inutilisée par ses concitoyens. Les euros de l’Europe pourront être récoltés si les mots « grande vitesse » et « amélioration du fret » restent en toile de fond du dossier.

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